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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 17:26

S'il te plaît papa, raconte-moi l'histoire de la Birmanie.

La Birmanie, c'est trop long, je ne fais que des articles à rallonge en ce moment, mais l'histoire d'Aung San Suu Kyi, si tu veux.
Longtemps colonie Anglaise, la Birmanie (Burma en Anglais) décide à son indépendance de reprendre son nom ancestral : Myanmar.

Lorsque le père d'Aung San Suu kyi est assassiné en 1947, elle a 4 ans. Le Général Aung San était a priori un brave homme, il parlait beaucoup de démocratie. Les gens qui l'ont tué prennent le pouvoir et instaurent un monde basé sur la divination, les forces occultes et la manière forte.

Suu Kyi quitte la Birmanie avec sa mère et va après plusieurs ambassades de par le monde finir par épouser un anglais, un spécialiste des civilisations orientales. Un jour, voici Suu qui rentre voir sa mère en Birmanie. C'est le début du bordel.

En effet, alors qu'elle pensait juste rester quelques semaines, la voici fille de héros qui devient l'idole de la population. Impossible de quitter le territoire sous peine de ne plus jamais pouvoir revenir.

Les militaires au pouvoir sont prêts à tout sauf à faire d'elle un martyr. En effet, ils ne sont pas du tout suivis par leur peuple. Nous qui vivons en Chine croyions que les dictateurs développent tous un culte de la personnalité, mais nous avons été très surpris que non, pas du tout, la population n'aspire qu'à vivre normalement et en démocratie. La plupart du temps d'ailleurs ils vivent normalement, c'est-à-dire font du commerce avec les pays voisins, lisent les journaux, participent à des meetings politiques, prennent l'avion...

Aung San Suu kyi crée un parti politique, se présente aux élections, se retrouve élue mais assignée à résidence et le vote n'est jamais appliqué.

Ce qui ne l'empêche pas d'organiser des meetings par-dessus la porte de sa résidence. Son parti continue à vivre.

Photo de la porte de la maison de Suu Kyi. Nous y étions !

Photo de la porte de la maison de Suu Kyi. Nous y étions !

Ainsi, nous avons pu voir des bureaux politiques locaux dans certains villages. Notez l'omniprésence de la photo du papa, qui légitime le rôle de sa fille.

Aung San Suu KyiAung San Suu Kyi

Partout, sans aucune espèce de retenue, sur les murs de restaurant, dans les boutiques, même dans le hall de l'aéroport, pourtant clairement un organisme gouvernemental, nous avons pu voir que la population est clairement en faveur de la démocratie, et avec elle de la députée Aung San Suu Kyi.

Aung San Suu Kyi
Aung San Suu KyiAung San Suu Kyi

Ben oui, depuis qu'elle n'est plus assignée à résidence et en avalant les résultats de l'élection qui la donnait vainqueur à 85%, elle s'est présentée humblement à un renouvellement partiel des députés et a été élue. Son rôle de chef du parti de l'opposition lui permet malgré son isolement d'influer sur les décisions gouvernementales.

Il me faut encore expliquer un peu ce qui est en train de se passer au gouvernement, pour comprendre pourquoi ils lui ont lâché autant de lest.
La junte, c'est-à-dire l'équipe de colonel qui gouvernait tout le pays, a décidé de devenir riche. En comparant le niveau de vie des pays qui ont ouvert les marchés, ils se sont sentis pauvres. "Ouvrons les marchés !", ont-ils dit. Oui mais ce n'est pas aussi simple, la levée de l'embargo passe par des signes visibles d'effort. OK, facile, on a la personne qu'il faut sur place. Emblématique, internationalement connue, sans successeur connu (elle est même désespérément présentée seule sur les photos, c'est clair que c'est son principal point faible), et avec des lois en vigueur, elle est mariée (veuve) à un étranger donc ni elle ni son fils ne peuvent être présidents un jour.

Et en échange, le pays améliore sa respectabilité. Les sous rentrent. Les généraux répartissent le gâteau entre eux et les membres de leur famille. Qui prendra la direction des stations-services, qui prendra les hôtels, qui prendra... et surtout surtout, se cacher du public. Ils ont même déménagé la capitale du pays. Sans déconner, ils ont construit une ville derrière des murs en pleine campagne, Naypyidaw, ont emporté leurs fonctionnaires et leurs chauffeurs, ils ont même déménagé le zoo de Rangoon et ne se montrent plus.
Notez qu'ils ont fait pire, tiens par exemple quand ils ont inversé le sens de la circulation gauche-droite. Toutes les voitures ont le volant coté trottoir.

Attention je double !

Attention je double !

Et en bonus : port du casque obligatoire !

Aung San Suu Kyi
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commentaires

R
Au moins maintenant ils roulent du bon coté de la route :-)<br /> Maintenant la question que je me pose c'est : ont ils gardé la priorité à gauche ?
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L
Ben... priorité à celui qui passe, en fait. C'est pas hyper formalisé dirons-nous.