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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 01:59

Je ne donne pas le nom de ses îles dans cet article, pour éviter les moteurs de recherche.

Je n'aime pas faire de journalisme sur ce blog, je l'ai déjà dit plusieurs fois. Je n'aborde certains sujets que s'ils touchent notre quotidien.

Or, là, nous avons été confrontés à un sujet de journalisme qui a touché, voir envahi notre quotidien. Alors j'ai choisi de le traiter en retard. Façon de se protéger comme une autre.


Le sujet est parti d'une affaire immobilière. Une famille japonaise est propriétaire de terrains sur des îles chinoise. L'île est si petite qu'ils en possèdent 100%. Le gouvernement japonais a décidé de profiter de l'occasion pour racheter les îles aux propriétaires et les déclarer japonaises.

Conséquence naturelle du changement de type de propriété de personnelle à nationale, les eaux à 200 miles autour (340km) changent de juridiction. Enfin c'est un peu plus compliqué que cela parce que la chine est le seul pays au monde à considérer que les 200 miles ne commencent pas aux côtes mais à la fin de la plage sous-marine, soit environ 10 miles plus loin. Et d'autre part l'île était au Japon jusqu'à la fin de la guerre 39-45, ensuite elle est rendue à Taiwan, mais reste sous le contrôle des USA jusqu'en 1972, et comme ils oublient de mentionner explicitement ces îles dans le traité de restitution... ben on ne sait pas !

Mais en fait, on s'en fout, le problème n'est pas la zone économique exclusive des eaux, ni la possibilité que ça ouvre aux sous-marins chinois de prendre le large sans être vus au départ de cette île plutôt que du continent, ni même, si on cherche bien, le propriétaire de l'île.
Le problème est interne à la Chine.

C'était le renouvellement du parti à cette date-là, dans un contexte un peu compliqué. Le premier point d'achoppement, c'est les réseaux sociaux.
Sinanet est une entreprise chinoise extrêmement puissante qui fait concurrence à Twitter, avec sina-Weibo. Soutenu par le gouvernement dans un premier temps (très court) qui voyait un bon moyen de lutter contre l'américain twitter bloqué par le pare-feu de toute façon, le réseau a pris une telle puissance que malgré plusieurs tentatives de retour en arrière, trop tard c'est implanté durablement dans la société.
L'information est filtrée, contrôlée, "mot-clétée", les utilisateurs désanonymisés (tu parles), bref, harmonisée, mais elle circule toujours plus vite que le contrôle.

Le deuxième point, c'est Bo Xilai. Quand un cadre du parti fait du populisme, de la relance économique, des appels aux investisseurs étrangers, de l'arrivisme et de la nostalgie maoïste en même temps, ça fait tache. Surtout qu'il fait aussi de l'assassinat ciblé, des écoutes clandestines et de la corruption. Bref, il fallait le faire disparaître, mais impossible d'être vraiment discret.

Le troisième point, c'est la crise économique mondiale. On observe un ralentissement de la croissance, moins de 8%, c'était le seuil en-dessous duquel la chine perd plus d'emplois qu'elle en créé. Je ne fais pas un point spécialement pour l'augmentation du prix des matières premières, aussi bien les légumes que le porc, c'est dramatique pour le petit peuple. D'ailleurs j'arrête de faire des points

C'est pour cela que cette histoire d'îles tombait bien, comme disait César : "Organisons des jeux du cirque pour distraire la plèbe".

Si vous ne me croyez pas, expliquez-moi cette coïncidence qu'alors que le procès de Bo Xilai s'ouvre, quatre bateaux de guerre chinois débarquent sur l'île le 7 Août 2013 ? Réaction immédiate du Japon : "Nous annulons notre offre de sommet sino-japonais" ; réaction de la Chine : les manifs reprennent !


Je ne voulais pas en parler pendant que c'était chaud, mais maintenant que la pression de la rue redevient d'un niveau supportable, je vous raconte quelques excès auxquels on a dû faire face.

Le plus spectaculaire, c'est la fermeture complète de la rue de l'ambassade du japon. La rue Liangmaqiao, qui est pourtant assez longue, était fermée, ainsi que toutes les rues y débouchant. C'est dommage pour les Français et les Allemands, car nos ambassades sont mitoyennes.

La vraie fausse guerre contre le Japon

Dans le même temps, plusieurs restaurants japonais ont été démolis. J'en ai vu beaucoup avec les portes fermées, quelques tags haineux en travers de leur façade. La protection dérisoire, c'est de montrer qu'on est patriote chinois : mettre des affichettes ou des drapeaux chinois.

J'ai vu ce restaurant, mais j'avais pas réussi à faire la photo, alors je l'emprunte.

J'ai vu ce restaurant, mais j'avais pas réussi à faire la photo, alors je l'emprunte.

Blog d'un vrai journaliste, Arnaud De La Grange : http://blog.lefigaro.fr/chine/

Les voitures sont un élément sur lesquels se sont cristallisées les réactions. On a vu des gens tout fiers de rouler en Toyota se faire démolir leurs voitures par des manifestants mécontents. On a vu des chinois coller des autocollants chinois sur leurs logos, pour les masquer. J'en ai même vu qui disaient : "Fuck Japan", collés à l'emplacement du logo Nissan.

La photo est trop petite, alors j'ai remis l'ensentiel
La photo est trop petite, alors j'ai remis l'ensentielLa photo est trop petite, alors j'ai remis l'ensentiel

La photo est trop petite, alors j'ai remis l'ensentiel

La première série de manifestations s'est interrompue lorsque la foule a tué un chinois qui conduisait une voiture japonaise. Le mec s'est fait sortir de sa bagnole, jeter par terre et rouer de coup, pendant que sa femme pleurait en disant qu'elle regrettait d'avoir acheté une voiture japonaise et qu'elle le referait plus. Le mec est mort, et les internautes ont commencé à se rendre compte que l'usine qui avait produit ces voitures était située sur le territoire chinois, donnait du travail à des milliers de chinois, et avait été payée avec des RMB durement économisés, et que peut-être avoir un mort chinois sur le territoire chinois tué par des chinois pour une guerre qui n'existe pas, c'était un peu trop... Bah tiens.

Cette mort violente fût aussi le moment de la prise de conscience par les autorités chinoise qu'elles allaient trop loin, et que de quelques manifestations organisées (les manifestants descendaient du bus, se suivaient par groupes de 50 devant l'ambassade du japon en scandant des slogans hostiles, lançaient les œufs préalablement distribués, puis remontaient dans leur bus et puis c'était le tour du groupe suivant), on tournait à des manifestations vraiment hostiles et racistes, libérant tout ce qui n'est pas digéré depuis l'invasion en 1931, les longues années d'occupation ultra-violentes, et l'absence totale de remords. Les officiels japonais continuent aujourd'hui à aller se recueillir sur les tombes des criminels de guerre, et des voyages organisés commémoratifs (entendre "avec prostituées chinoises locales") sont organisés chaque année à Nankin à la date anniversaire du massacre.

Il n'y a pas non plus eu de volonté politique de réconciliation. D'une part parce que la Chine en a été empêchée pendant des années (période Maoïste) puis s'est empêtrée dans son propre passé, d'autre part parce que c'est toujours pratique d'avoir un bouc émissaire pour détourner l'attention des affaires internes. Je n'étais pas là en 2005, mais il s'est passé la même chose.

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commentaires

B
Je suis en train de relire les anciens articles, et je tombe sur l'article Nostalgie (http://laurebertrand.over-blog.com/article-nostalgie-78846249.html) dans lequel je profilais un avenir radieux à BoXilai. Hahaha !
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